Santé et conditions de vie au travail : Et si nous regardions derrière les vitrines !à¢â‚¬Â¦

mardi 3 juin 2008
popularité : 11%

Pour la CFDT, la santé au travail ne se résume pas à la réduction du taux de congés maladie. Pour nous, ce doit être compris comme un état de bien être physique, mental et social. Le bien être au travail est d’ailleurs une préoccupation de plus en plus importante pour les salariés, quel que soit leur domaine professionnel. A La Poste, la préoccupation est omniprésente, notamment avec le projet de réorganisation de l’activité tri et l’installation de plates-forme industrielles. Pour la CFDT, il nous semble donc particulièrement intéressant de regarder ce qui se passe à l’intérieur de ces usines à courrier.

PIC PARIS NORD GONESSE : UN PREMIER BILAN

Notre première enquête a été réalisée en avril, mai 2006 sur la PIC de Paris Nord Gonesse. Après la fin de montée en charge, cette plate-forme présentait, pour la CFDT, les conditions idéales pour une enquête « santé et condition de vie sur une PIC ». D’autant plus qu’elle était confrontée à une explosion des congés maladie. On était passé de 14 jours de COM par agent et par an en 2004, à 18 jours en 2005 et à 25 jours en 2006. Soit une augmentation de 40 % en 3 ans.
200 personnes ont joué le jeu en répondant à notre questionnaire et nous ont permis d’établir ce que l’on appelle plus communément un pré diagnostic sur lequel nous nous sommes appuyés pour intervenir tant au niveau local qu’au niveau DOTC. L’enquête devait, pour nous, être approfondie par un audit d’un cabinet externe à La Poste spécialisé en santé et conditions de travail.

C’est dès le mois de mai 2006 que nous en avons fait la demande auprès de la DOTC Paris Nord. Nous n’avons pas fait l’unanimité tant du cà´té Poste que du cà´té des autres organisations syndicales. Pourtant nous n’avons pas baissé les bras. Et après 1 an de tergiversation, La Poste a accepté notre demande et a fait appel à l’agence régionale d’amélioration des conditions de travail (ARACT).

Le résultat de cette enquête : un rapport de 70 pages (consultable auprès de Josette TANIERE) sans précédent. Aujourd’hui, La Poste ne peut plus nier !!! Notamment sur le fonctionnement de ce type de centre. L’ARACT le dit clairement : « Si la mise en place industrielle de la plate-forme, véritable laboratoire technique pour La Poste, a fait l’objet de nombreuses études et attentions, il semble que les questions humaines soient passées au second plan ».

CONTINUER LA DEMARCHE SUR LA PIC DE LOGNES

Après notre 1ère enquête menée sur la PIC de Paris Nord Gonesse, il nous semblait important de continuer sur une autre PIC pour savoir si les problématiques étaient identiques. En Ile de France, seule la PIC de Lognes présentait les conditions favorables à ce type de démarche : fin de montée en charge et augmentation des congés maladie. Nous n’avons pas pu avoir une réelle communication des chiffres, mais lors de nos passages sur les différents services, les faits étaient là (exemple : 26 CM sur une nuit).

Sur la PIC de Lognes, 112 personnes ont accepté de nous donner un peu de leur temps et nous tenons à les en remercier vivement.

 Qui sont-elles ?

 A 60 % des hommes et à 40 % des femmes
 A 60,75 % des fonctionnaires et à 39,25 % des contractuels
 A 97,5 % des employés. Nous déplorons d’ailleurs que si peu d’agents de maîtrise et de cadres se soient prêtés au jeu.
 20 % d’entre elles travaillent en matin, 30% en après-midi, 7% en mixte et 43% en nuit.
 Leur moyenne d’âge est de 41,5 ans
 Leur ancienneté à la Poste est de 16 ans en moyenne
 Leur ancienneté sur la PIC est de 1,5 ans en moyenne.

Concernant leur avenir

Rares sont les personnes interrogées qui, après un an et demi passé en moyenne sur la PIC de Lognes, ont une perception positive de leur emploi. La tendance est plutà´t à la déception. 69% des personnes interrogées disent d’ailleurs être inquiètes, voire très inquiètes pour leur emploi. La majeure partie se dit déçue du fonctionnement de la PIC par rapport à l’image et au discours extérieur qui avait été véhiculé avant l’ouverture. 75 % sont inquiètes pour leur établissement.
Comme sur la PIC Paris Nord Gonesse, cette peur de l’avenir ne peut qu’interpeller la CFDT. Car comme sur la PIC Paris Nord, elle démontre un mal être beaucoup plus profond qu’il n’y paraît. En effet, pourquoi être inquiets pour son établissement alors que celui-ci est une PIC et qu’il a, normalement, quelques belles années devant lui avant d’envisager une hypothétique fermeture.

Concernant leur intégration sur la PIC

Les agents arrivés sur la PIC après avoir travaillé sur le CTC de Meaux, ont pour la plupart eu beaucoup de difficultés à s’adapter à ce nouvel environnement industriel. Ils estiment n’avoir été ni préparés ni accompagnés à cette transition.
Beaucoup nous ont précisé qu’alors qu’un accueil existait à l’ouverture, aujourd’hui ce n’est plus vraiment le cas, notamment en production. « Le soir où je suis arrivée, j’ai du trouver seul les halls de production. J’ai du moi-même aller me présenter aux encadrants. Tous étaient assis derrière leur bureau, aucun ne s’est levé pour m’accueillir. »
Les agents affirment avoir été formés sur le tas par leurs collègues. 59% disent qu’ils n’ont pas bénéficié de formation adaptée et suffisante leur permettant de faire correctement leur travail.

Leurs conditions de vie sur la PIC

En tête des insatisfactions, les conditions de travail (78% d’insatisfaits). Beaucoup d’agents font état de la culture chiffre à la PIC. « Ici le travail est répétitif, mais il faut toujours en faire plus. Meilleure cadence, meilleurs chiffres, etcà¢â‚¬Â¦ ».

La charge de travail est majoritairement mal perçue puisque 61,5% disent qu’elle est très mal équilibrée et donc trop importante. Ce déséquilibrage serait surtout au sein des équipes. Cette difficulté renvoie au même problème que la PIC Paris Nord. Même si La Poste a beaucoup de mal à jouer la transparence, le constat est là , les congés maladie augmentent et influent négativement sur l’organisation et donc sur la répartition de la charge de travail au sein des équipes.

« On demande toujours plus à ceux qui sont présents ». Avec les congés maladie, on est de moins en moins pour passer le trafic ».
89% des personnes interrogées disent ne pas être assez nombreuses pour effectuer correctement leur travail.

Leurs relations de travail

Le sentiment d’appartenance pour les agents à un collectif de travail est faible. Néanmoins, une certaine forme de solidarité entre collègues s’exprime (55% des personnes interrogées).

A l’inverse de la PIC Paris Nord, les relations avec les chefs d’équipe sont bonnes (60% des personnes interrogées). En revanche, ces relations sont déplorables en après midi, et doivent rapidement s’améliorer.

Celles qui ont de bonnes relations avec leur chef d’équipe mentionnent que leurs réponses ne concernent bien évidemment que le relationnel agent/chef d’équipe. Elles disent apprécier (56%) de pouvoir compter sur lui en cas de problèmes. En revanche, 64% déplorent que leur chef d’équipe ne les aide pas à définir leur parcours professionnel.

Pour les relations avec les cadres production, 65% des personnes interrogées souhaiteraient plus de respect des individus.

Leurs perceptions d’évolution professionnelle

A la veille de la déclinaison du dossier « revalorisation des métiers en PIC », 77% des personnes interrogées sont insatisfaites quant au mode de promotion mis en place sur la PIC de Lognes. Le système, reposant sur l’avis du supérieur hiérarchique direct, suscite une grande méfiance mais développe surtout un profond sentiment d’injustice.
« Ce système est malsain, il est principalement basé sur le copinage. »
« Ici, si t’es bien vu du chef, t’auras tes chances d’évoluer, sinonà¢â‚¬Â¦ ».
« Ici, il y en a surtout pour les « lèches culs ». Si tu fais ton boulot mais que tu n’es pas comme ça, tu n’auras pas beaucoup de chance d’avoir ta promo ».

Leur santé au travail

L’enquête que nous avons menée, comme sur la PIC Paris Nord, nous a démontré que les conditions de travail étaient loin d’être idylliques. Les conditions pénibles sont accentuées par le temps de transport. La majeure partie des personnes interrogées a déclaré venir en voiture. Le temps moyen de transport est de 40 minutes.
Mais la charge de travail joue un rà´le majeur sur la santé. 81,65 % des personnes interrogées craignent pour leur santé si leurs conditions de travail ne s’amélioraient pas.
71,5% ont déclaré avoir des douleurs dorsales notamment dans le bas du dos. 46% se plaignent de fréquentes douleurs aux poignets. 63% disent qu’elles ressentent souvent un état de grande fatigue.

Comme sur la PIC de Paris Nord, rares sont les postes qui permettent une station assise. Cet état de fait est mal ressenti par les agents. La pénibilité de la station debout a d’ailleurs souvent été citée par les personnes interrogées.

Les postes mentionnés comme étant les plus pénibles, sont comme sur la PIC Paris Nord, ceux où il y a un port de charge ou beaucoup de piétinements (POD, RAC, MTI, TOP, etcà¢â‚¬Â¦).

Beaucoup des personnes interrogées nous ont précisé que les managers sont souvent obligés de faire le point des absences à chaque début de vacation pour si besoin est réaffecter les agents sur les différents chantiers. Cette situation est mal perçue par certains. « On s’adresse toujours aux mêmes pour changer de poste ou donner un coup de main ».

En conclusion

Merci encore aux 112 personnes qui ont permis, en nous répondant en toute franchise, de mettre en avant, à travers une analyse fine de leurs situations de travail, ce qu’elles vivent et ce qu’elles ressentent sur la PIC de Lognes.
Comme sur la PIC de Paris Nord Gonesse, les conditions de travail sont loin d’être idylliques et influent négativement sur la santé physique et morale des agents de la PIC.
Dans ce contexte, et après deux enquêtes, La Poste doit assumer ses responsabilités si elle veut mener à bien le dossier « santé au travail ». Il ne suffit pas de s’engager dans d’hypothétiques palmes santé simplement par effet d’affichage mais bien de montrer une réelle volonté de prise en compte de l’humain dans l’organisation d’une PIC.
Aujourd’hui, elle doit vous le prouver en mettant une politique exemplaire et ambitieuse pour vous préserver.
Notre enquête ne s’arrête pas là , et nous comptons bien agir tant auprès de la nouvelle direction de la PIC de Lognes que de la DOTC du 77 pour que des actions se mettent en place et que les choses changentà¢â‚¬Â¦

ENQUETE SANTE : LA CFDT SAIT FAIRE


Documents joints

tract complet en pdf