Et si nous regardions derrière la vitrine !...

mercredi 14 juin 2006
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Pour la CFDT, la santé au travail ne se résume pas à la réduction du taux de congés maladie. Pour nous, ce doit être compris comme un état de bien être physique, mental et social. Le bien être au travail est d’ailleurs une préoccupation de plus en plus importante pour les salariés, quel que soit leur domaine professionnel. Il nous semblait donc intéressant de lancer une enquête à Paris Nord Gonesse, vitrine de La Poste, 1ère plate-forme industrielle courrier.
L’équipe CFDT est allée à votre rencontre pendant 2 mois. Le but : faire un état des lieux précis, concret qui permettra, à partir de résultats fiables, de construire ensemble des revendications, de faire des propositions, d’agir pour que les choses changent.
200 personnes ont accepté de nous donner un peu de leur temps, et nous tenions avant tout à les remercier.

Qui sont-elles ?

 A 60% des hommes et 40 % des femmes.
 A 64% des contractuels et à 36% des fonctionnaires.
 A 99% des employés. Nous regrettons d’ailleurs que si peu d’agents de maîtrise ou de cadres se soient prêtés au jeu.
 40% d’entre elles travaillent en nuit, 29,5% en matin, 28,5% en après-midi et 2% en demi-nuit.
 Leur moyenne d’age est de 34,5 ans.
 Leur ancienneté à La Poste est de 8,5 ans en moyenne.
 Leur ancienneté à Paris Nord Gonesse de 1,5 an en moyenne.

Concernant leur avenir

 65% des personnes interrogées disent être inquiètes, voire très inquiètes pour leur emploi.
 59% disent être très inquiètes pour leur service.
 67,5% le sont pour leur établissement.

Cette peur de l’avenir, tant pour leur service que pour leur établissement ne peut qu’interpeller la CFDT. Elle démontre un mal être beaucoup plus profond qu’il n’y paraît. En effet, comment être très inquiets pour son établissement alors qu’il est la 1ère plate-forme industrielle courrier, qu’il est né en février 2004, et qu’il a, normalement, quelques années devant lui avant d’envisager une hypothétique fermeture ?

Leur vie au travail dans leur service

Les résultats de l’enquête laissent apparaître que sur 200 personnes interrogées, 51 % considèrent avoir assez de temps pour effectuer correctement leur travail. La majorité (61%) disent disposer de matériels adaptés et suffisants. Mais 61% disent ne pas être assez nombreux pour effectuer leur travail dans de bonnes conditions.

Leurs relations avec leur hiérarchie directe sont déplorables, même si elles peuvent varier sensiblement d’une brigade à une autre.

 53% estiment que leur supérieur hiérarchique direct ne prête pas attention à leurs dires.
 63% disent ne pas pouvoir compter sur lui en cas de problèmes.
 66,5% disent qu’il n’est pas concerné par le bien être de ses agents.
 72,5% disent qu’il ne les aide pas à définir leur parcours professionnel

Là encore, comment, à la veille d’une future mise en place de TPM, basée principalement sur un management participatif, pourrions nous ignorer ces résultats ?

Leurs relations avec leurs collègues ne sont pas meilleures.

 25,5% estiment qu’il y a de la solidarité entre collègues.
 66,5% disent que c’est plutà´t chacun pour soi.
 8% disent que les relations entre collègues sont tendues à la limite du conflictuel.

Leur opinion sur leurs conditions de vie à Paris Nord Gonesse

En tête des insatisfactions, les salaires (92% d’insatisfaits). 65% des personnes interrogées se plaignent de la charge de travail et font le parallèle. « On nous en demande toujours plus, plus de rentabilité, plus de productivité, alors que nos salaires stagnent ».
Beaucoup disent ne plus rien espérer pour que ça change. Il aurait fallu pour cela la mise en place d’un système basé un peu plus sur l’équité. « Que chacun puisse avoir accès à l’information, à la formation et aux promotions ». Or, c’est loin d’être actuellement le cas :

 62% estiment ne pas avoir un accès suffisant à l’information.
 74% disent ne pas pouvoir bénéficier des formations qu’ils souhaitent.
 83% se plaignent du système de promotion actuellement en place à La Poste. Le nombre de promotion étant pour la majorité des personnes interrogées nettement insuffisant.

Ce mécontentement renforce notre démarche quant à la mise en place d’un accord sur la promotion. Ce projet d’accord prévoit 45 000 promos sur 3 ans, l’égalité de traitement et l’unification du processus de sélection. Le principal accès à la promotion reposerait principalement sur la « reconnaissance des compétences ».

Aujourd’hui, les phases de négociations sont terminées. L’accord aurait dà » être présenté pour signature aux différentes organisations syndicales. Chacune étant ainsi mise devant ses responsabilités. Pourtant, devant l’éventualité de voir cet accord dénoncé par certains, La Poste ne veut pas prendre de risques et ne le soumet pas à la signature.

Pour la CFDT, nous souhaitons au contraire qu’il le soit. Ainsi, nous pourrions éviter que La Poste passe en force et décide seule du futur système de promotion.

Concernant le respect des individus, 65% des personnes interrogées disent vouloir être mieux respectées par les hautes sphères de Paris Nord Gonesse. 83% disent qu’on ne reconnaît pas leur investissement dans le travail et qu’on ne tient aucunement compte de leurs avis et suggestions(82%)

Leur santé au travail

Pour la CFDT, la santé au travail fait partie intégrante de la responsabilité sociale des entreprises. La Poste repositionne d’ailleurs toute sa filière « prévention » qui ne correspondait plus à la réalité des acteurs de prévention mais aussi aux objectifs d’amélioration des conditions de travail.

Pour la CFDT, si le repositionnement de cette filière est une avancée, sans la mise en place d’une politique générale de santé au travail, il ne règle en rien le problème...
La filière prévention est un outil, un moyen technique, pour améliorer les conditions de travail. Elle ne saurait remplacer et se substituer à une véritable politique de santé au travail qui engage l’entreprise La Poste. C’est le sens de la démarche CFDT qui, depuis de nombreux mois, revendique la négociation d’un accord sur la santé au travail à La Poste. L’enjeu est de taille. Mais il y a urgence, pour preuve :
L’enquête que nous avons menée à Paris Nord Gonesse démontre que, contrairement à ce que pourrait penser La Poste, les conditions de travail sont loin d’y être idylliques.
 83% des personnes interrogées se plaignent de leurs conditions de travail qui sont, selon leurs dires, beaucoup plus pénibles que celles qu’elles connaissaient auparavant.
 87,5% disent d’ailleurs que leurs conditions de travail influent négativement sur leur santé.
 73% disent souffrir d’une manière récurrente de mal de dos.
 28% de tendinites.
Mais beaucoup parlent aussi de souffrance au travail.
 61% disent ressentir un état de fatigue permanent.
 51% disent ressentir une tension nerveuse quasi-permanente qui influe négativement sur leurs conditions de vie (troubles du sommeil, angoisse, etc...).

Ces maux ne sont pas le fruit du hasard mais plutà´t les conséquences d’organisation du travail toujours plus axée sur une recherche permanente de gains de productivité. La Poste en oublierait presque « le facteur humain » !!!
La majorité (68,5%) déclare ne pas être suffisamment informée par l’entreprise des règles d’hygiène et de sécurité mais surtout des risques encourus par leur métier ou par leur activité professionnelle. La plupart des personnes interrogées se disent d’ailleurs méconnaître le rà´le et le fonctionnement du CHSCT. Et, si certaines personnes connaissent quelques outils tel le cahier CHSCT, seules 50% des personnes interrogées savent où il se trouve.

Pour conclure :

Merci encore aux 200 personnes qui ont permis, en nous répondant en toute franchise, de mettre en avant, à travers une analyse fine de leurs situations de travail, ce qu’elles vivent et ce qu’elles ressentent à Paris Nord Gonesse.
Grâce à elles, mais aussi à vous tous, la CFDT pourra construire des propositions que nous porterons aux plus hauts niveaux. Nous mènerons de front l’action et la négociation pour que les conditions de travail derrière la vitrine s’améliorent.
Nous sommes tout à fait réalistes, et nous savons que Paris ne s’est pas fait en un jour. Mais dans un tel contexte, La Poste doit assumer ses responsabilités si elle veut mener à bien le dossier « santé au travail » qui est, soi disant, sa priorité de l’année 2006. Qu’elle le prouve, en mettant en place une politique exemplaire et ambitieuse pour vous préserver. Car nous le savons, vous le savez, elle le sait : « vous êtes sa force ! ».