Rémi Karcher suspendu, et après ?

jeudi 15 avril 2010
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La CFDT dénonce avec la plus grande vigueur les termes employés par Rémi KARCHER dans un mail adressé aux directeurs de vente de la DTELP Paris Sud. Ce directeur ne nous avait pourtant pas habitué, contrairement à nombre de ses collègues dans la gestion au quotidien de ses bureaux de poste, à des actes ou propos aussi violents. Il a été mis en suspension de fonction, devant le choc ressenti par nombre de postiers, par sa hiérarchie, alors qu’il est encore en convalescence après avoir subi une agression à proximité de son domicile.

Or, il ne faudrait pas que la forme scandaleuse de ce courriel repris dans la presse cache le fond en mettant hors jeu un lampiste, tout dirigeant de la Poste Paris Sud qu’il fà »t. La vérité est que ces propos ne sont qu’une traduction, certes intolérable, provocatrice et maladroite, de la politique menée par l’Enseigne et le groupe La Poste au niveau national et de la stratégie du donneur d’ordre qu’est la Banque Postale. La CFDT, première organisation syndicale chez les vendeurs de la Poste, deuxième à l’Enseigne, est bien placée pour connaître les pressions managériales et les mauvaises conditions de travail de ces personnels. D’ailleurs, loin des rodomontades médiatiques, la CFDT postes francilienne engage un travail de fond depuis plusieurs mois sur la souffrance des cadres à La Poste.

Mais :
 quand Jacques RAPOPORT, directeur général délégué à l’Enseigne, piétine la négociation sur le temps de travail au moment où elle doit aboutir, n’offrant ainsi aucune perspective d’amélioration du vécu des postiers de l’Enseigne,
 quand il affirme qu’il vaut mieux ne pas avoir de clients dans les bureaux de poste pour pouvoir mieux justifier des suppressions d’emplois,
 quand il annonce qu’un tiers des conseillers financiers ne sont pas à la hauteur,
qui est responsable ? Pour la CFDT, c’est évidemment en haut de la hiérarchie que les doigts doivent être pointés ! Car, paradoxalement, la Poste de Paris Sud était, parmi les directions de l’Enseigne en Ile-de-France, une des moins violentes dans ses pratiques sociales.

A l’heure où les agents de l’Enseigne subissent pleinement des évolutions imposées, où ils sont confrontés en Ile-de-France aux incivilités et autres actes de plus en plus violents, la politique de déstabilisation permanente instaurée par la haute hiérarchie se trouve en complet décalage avec les problèmes et attentes des personnels, mais aussi des clients et usagers, au moment où l’on devrait clarifier et moderniser les missions de service universel attribuées à La Poste par la loi.

L’Enseigne doit se réinterroger sur ses pratiques de dialogue social, inexistantes depuis plusieurs années. Et au-delà , elle doit revoir sa stratégie, centrée sur la recherche permanente et à tout prix de gains de productivité, vision court-termiste, générant des pratiques managériales insoutenables.

Il ne suffit pas de suspendre Rémi Karcher : la CFDT invite aussi les dirigeants à revoir leur copie rapidement !